samedi 28 février 2015

Des idoles au vrai Dieu


Notre société semble mettre de côté la spiritualité, mais il est impossible à l'être humain de pas rendre "un culte". Lorsqu'on se détourne du vrai Dieu, on ne peut pas s'empêcher de le substituer par quelque chose. Cette réflexion se penche sur la question des idoles en vue de découvrir le vrai Dieu.  
Paul écrit dans la lettre aux Thessaloniciens : « On raconte, à notre sujet, quel accueil nous avons trouvé chez vous et comment vous vous êtes tournés vers Dieu, en vous détournant des idoles, pour servir, comme des esclaves, un Dieu vivant et vrai » 1 Th 1.9 (NBS)



(Re)tournement

Ce verset décrit en peu de mots la profonde conversion des Thessaloniciens. Ils se sont tournés (epistrepho) vers Dieu. Ce verbe rappelle l’exhortation de Paul aux habitants superstitieux de Lystre « afin qu’ils se tournent (epistrepho) de ces vanités vers le Dieu vivant » (Ac 14.15). C’est aussi le même mot utilisé par Jésus à Paul : « Je t’envoie… pour leur ouvrir les yeux, afin qu'ils se tournent des ténèbres vers la lumière et de l'autorité de Satan vers Dieu » (Ac 20.18).  Ce verbe exprime avec force la repentance qui arrache l’être humain d’au moins trois réalités qui s’entremêlent souvent : les idoles, les ténèbres et Satan.

La source de l’idolâtrie

Paul explique aux Romains que la colère de Dieu se dévoile du ciel contre l’impiété et l’injustice des hommes qui étouffent la vérité. Ils ont une forme de connaissance de Dieu en eux, notamment par le témoignage de sa création dans laquelle ils perçoivent sa puissance éternelle et sa divinité  (1.18-19). Ils deviennent inexcusables (1.20). Par leur refus de glorifier Dieu et de lui exprimer la reconnaissance, ils se sont égarés de leur véritable destinée.
Alors, trois processus se déroulent avant que la colère de Dieu ne se manifeste plus concrètement : 1) Ils sont d’abord frappés de vanité, « futilisés » dans leurs raisonnements[1] ;  2) Leur cœur, siège de la volonté, des sentiments et de la réflexion, « devient la proie des ténèbres » (1.21 TOB) ; 3) Se vantant d’être sages, ils deviennent « fous ». Godet écrit : « La ‘futilisation’ des pensées a même pris le caractère de la folie. Qu’est-ce, en effet, que le polythéisme, sinon une sorte d’hallucination permanente, de délire collectif ? »[2]. Si le commencement de la sagesse, c’est la crainte respectueuse de Dieu nous pressant à le glorifier, le commencement de la folie, c’est son rejet. Les peuples l’ont exprimé soit par des formes d’irrationalisme comme le polythéisme ou l’occultisme, soit par des formes de rationalisme qui nie tout autant le vrai Dieu : « L’insensé dit en son cœur : Il n’y a pas de Dieu » (Ps 14.1). Dans cet égarement ils travestissent la gloire du Dieu impérissable en images ou idoles représentant l’homme ou la femme, voire même toute sorte d’animaux (1.23). Ils ont travesti aussi la vérité de Dieu en mensonges, et adoré la créature au lieu du créateur (1.25).
Cet engrenage ténébreux est notre propre histoire. L’être humain est désespérément « religieux ». Il a été créé pour rendre gloire à Dieu, mais dans son refus du vrai Dieu, il comble ce vide par toutes sortes « d’idoles ».
Les Thessaloniciens, comme tous ceux qui sont passés par une authentique conversion, ont abandonné leurs idoles pour se tourner vers le Dieu vivant et vrai, après avoir entendu l’Évangile.

Le vrai Dieu

La Bible fait une opposition radicale entre les idoles et le vrai Dieu : « Voici, vous n’êtes rien (dit le Seigneur aux faux dieux par Esaïe), et votre œuvre est le néant ; c’est une abomination que de se complaire en vous » (41.24). Paul écrit : « Que dis-je donc ?... qu’une idole est quelque chose? Nullement.» (1  Co 10.19). En revanche, Dieu est le seul qui soit véritablement : « Je suis celui qui est » (Ex 3.14). La vie n’est qu’en lui, il est Le vivant, et en même temps le seul véritable, la vérité ultime, le vrai Dieu.

La lutte se poursuit

Si les Thessaloniciens ont marqué un demi-tour radical, c’est pour « servir comme des esclaves » (douleuo) le Dieu vivant. Ce verbe implique une vie pleinement au service de Dieu, pour lui appartenir sans réserve. Tout ce qui détourne de cette pleine appartenance est une forme de régression vers des dérives idolâtres. Jésus nous a donné l’exemple de sa détermination en tant que fils de l’homme à vivre pour son Père. Il répond à la troisième tentation du diable : « Retire-toi, Satan! car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Mt 4.10).

Idole et le « moi »

Le chrétien poursuit sa lutte chaque jour contre l’attrait du « néant ». Paul exhorte les Colossiens à faire mourir ce qui est terrestre en eux : « l'inconduite sexuelle, l'impureté, les passions, les mauvais désirs et l'avidité, qui est une idolâtrie » (3.5). L’avidité (pleonexia) est une insatisfaction profonde qui nous presse ou bien à nous agripper de façon malsaine à ce que nous avons, ou alors à convoiter ce que nous n’avons pas encore[3]. Les spécialistes de la publicité savent parfaitement utiliser ce ressort pour faire vendre. Paul qualifie cette attitude d’idolâtre, c’est une sorte de culte rendu à l’objet désiré, ou à soi-même. Jésus dit : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre… Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon » (Mt 6.24). « Mamonas » serait les possessions qui nous possèdent, les biens vus sous l’angle matérialiste, pêcheur et anti-Dieu[4]. Dans six passages, Jésus nous appelle à choisir entre aimer notre vie de manière égoïste ou l’avoir, lui, comme notre maître »[5]. Paul écrit à des chrétiens de nom, ennemis de la croix : « Ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre » (Ph 3.19).

Fuyez l’idolâtrie

Le néant des idoles nous affecte profondément si nous leur rendons un culte. En rappelant les dérives du peuple de Dieu dans le désert, Paul écrit : « Ne devenez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux… Fuyez l’idolâtrie » (1 Co 10.7, 14). Puis il aborde, sans le dire explicitement, les repas cultuels avec sacrifices et débauche dans les temples païens : « Ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non à Dieu, or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons » (1 Co 10.20).
Tout culte rendu à quelqu’un d’autre que Dieu nous immerge dans une obscurité spirituelle où les esprits impurs ont accès. En perdant notre communion avec Dieu, nous retournons dans la sphère du monde, de la chair, des démons, animés par cette sagesse terrestre charnelle et diabolique (Jc 3.15).

La vraie adoration

« Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi » affirme le premier commandement. Nous avons failli totalement, nous étions même ennemis de Dieu, mais dans sa miséricorde, il veut nous restaurer. La promesse du prophète s’est accomplie en Jésus-Christ : « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau… je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois » (36.25-27).
Purifié grâce au sacrifice de Jésus, il nous est possible de nous détourner des idoles, et nous tourner vers le Seigneur, conscient que le combat se poursuit chaque jour, mais équipé par sa grâce pour servir le Dieu vivant et vrai, en l’attendant !

 Questions de groupe

  • 1.       Lire l’article, puis reprendre 1 Th 1.9. Quelles sont, à votre avis, les idoles que ces chrétiens ont abandonnées ?
  • 2.       Comment comprenez-vous la conversion dans Ac 20.18 ?
  • 3.       Lire Col 3.1-5. Que faut-il comprendre de ce texte avant de faire mourir certaines choses dans nos vies ?
  • 4.       Pourquoi l’avidité ou la cupidité était-elle appelée une idolâtrie en Col 3.5 ?
  • 5.       Quelles idoles seraient les plus redoutables pour nous aujourd’hui ? Comment mener le bon combat contre elle ?


Article paru dans la revue "Servir en l'attendant" (février 2015)




[1] Frédéric GODET, Épître aux Romains, 1883, Édition numérique Soleil d’Orient 2009, p. 217. Il ajoute : « N’ayant pas posé Dieu comme l’objet suprême de son activité, l’intelligence a été réduite à travailler dans le vide; elle s’est en quelque sorte futilisée ». Voir aussi Thomas SCHREINER, Romans, Baker Exegetical Commentary on the New Testament, 1998, sur Rm 1.21-25. 
[2] Ibid. p. 218
[3] Jésus insiste particulièrement sur ce danger : « Gardez-vous avec soin de toute avidité » Lc 12.15. Voir par exemple Ceslas SPICQ, Lexique théologique du NT, Cerf 1991, p. 1250 ; Delling, « pleonexia », TDNT.
[4] « À cause du pouvoir démoniaque immanent dans ces possessions, s’y livrer conduit à un esclavage », Hauck, « Mamonas », TDNT.
Mamon qui est une personnification de l’argent renvoie aussi à une préoccupation malsaine de soi-même et fait un lien avec l’avidité en Col 3.
[5] Mt 10:39 ; 16:25 ; Mc 8:35 ; Lu 9:23 ; 17:33 ; Jn 12:25.