dimanche 20 décembre 2015

La nativité

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Comme beaucoup de mes contemporains, jusqu'à l'âge de 21 ans (et depuis l'âge de 13-14 ans), les récits de la naissance de Jésus étaient devenus pour moi une sorte de légende. J'en faisais de plus en plus des sujets de moquerie, au moins pour certains de ses aspects. En étudiant la philosophie au lycée, j'ai été déstabilisé dans mon athéisme en constatant le nombre de personnes croyantes parmi les penseurs qui nous ont précédés. Mes "recherches sur le sens de la vie" m'ont conduit, par des voies tortueuses, à découvrir l'Évangile. 
Je peux attester désormais, comme l'a bien formulé Blaise Pascal : "Sans l'Écriture, qui n'a que Jésus-Christ pour objet, nous ne connaissons rien et ne voyons qu'obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature" (Pensées, 417-548).
Mais que savons-nous de sa naissance, ou de son "incarnation" ?
Ce n'est évidemment que par la Bible que nous pouvons le savoir. Je propose une méditation que j'ai apportée ce dimanche 20 décembre sur la façon dont l'Evangile selon Jean présente cette venue.
Jésus est le "logos divin", la "parole vivante et éternelle" de Dieu. Cette "parole" s'est faite homme un jour, à Bethléem. Elle est venue pour nous révéler Dieu le Père en nous engendrant à la véritable vie.
"Et le Verbe s’est fait chair et il a campé parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de vérité" (Jn 1.14, Bible de Jérusalem).
Je vous laisse écouter un commentaire modeste de ce verset.

samedi 12 décembre 2015

St-Augustin et les épreuves


J'ai le privilège d'avoir, pour une fois, un peu plus de temps pour la lecture et l'écoute d'enseignements pendant cette période de traitement de ma maladie. Je "médite" en particulier sur les grandes étapes de notre histoire occidentale. Nombre d'historiens voient dans le sac de Rome (la destruction presque totale) en 410 par les Wisigoths, le démarrage d'une nouvelle période de l'histoire. C'est la fin de l'Antiquité, et l'entrée dans le Moyen Age. C'est lors de cette période troublée que La cité de Dieu de Saint-Augustin a été publiée. Ce livre marquera profondément la pensée occidentale. Charlemagne se le faisait lire régulièrement pendant ses dîners ; Thomas d'Aquin, Luther, Calvin, Blaise Pascal... s'en inspireront beaucoup. Je suis impressionné par la pertinence de ce grand commentateur de la Bible.
Un simple extrait pour donner la teneur du niveau de "spiritualité" de ce livre, plaçant la barre beaucoup plus haut que celle de notre christianisme post-moderne :

"Dites-moi s’il peut arriver aucun mal aux hommes de foi et de piété qui ne se tourne en bien pour eux. Serait-elle vaine, par hasard, cette parole de l’Apôtre : « Nous savons que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu ? » (Ro 8.28).
— Mais, répliqueront certains, ils ont perdu tout ce qu’ils avaient.
— Ont-ils perdu la foi, la piété ? Ont-ils perdu les biens de l’homme intérieur, riche devant Dieu?
Voilà l’opulence des chrétiens, comme parle le très-opulent apôtre : « C’est une grande richesse que la piété et la modération d’un esprit qui se contente de ce qui suffit. Car nous n’avons rien apporté en ce monde, et il est sans aucun doute que nous ne pouvons aussi en rien emporter. Ayant donc de quoi nous nourrir et de quoi nous couvrir, nous devons être contents. Mais ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans le piège du diable, et en divers désirs inutiles et pernicieux qui précipitent les hommes dans l’abîme de la perdition et de la damnation. Car l’amour des richesses est la racine de tous les maux, et quelques-uns, pour en avoir été possédés, se sont détournés de la foi et embarrassés en une infinité d’afflictions et de peines » (1Ti6).
Ceux donc qui, dans le sac de Rome, ont perdu les richesses de la terre, s’ils les possédaient de la façon que recommande l’Apôtre, à savoir, pauvres au dehors, riches au dedans, c’est-à-dire s’ils en usaient comme n’en usant pas, ils ont pu dire avec un homme fortement éprouvé, mais nullement vaincu : « Je suis sorti nu du ventre de ma mère, et je retournerai nu dans la terre. Le Seigneur m’avait tout donné, le Seigneur m’a tout ôté. Il n’est arrivé que ce qui lui a plu; que le nom du Seigneur soit béni ! ». Job pensait donc que la volonté du Seigneur était sa richesse, la richesse de son âme, et il ne s’affligeait point de perdre pendant la vie ce qu’il faut nécessairement perdre à la mort. Quant aux âmes plus faibles, qui, sans préférer ces biens terrestres au Christ, avaient pour eux quelque attachement profane, elles ont senti, dans la douleur de les perdre, le péché de les avoir aimés"
Saint-Augustin, La cité de Dieu, Livre 1, chap. 10

Quelques remarques à cette citation :
1) Augustin fait partie de ces quelques auteurs "prophétiques" influents comme Calvin, Blaise Pascal, Alexandre Vinet, C.S. Lewis... qu'il est impossible de comprendre sans connaître en profondeur le texte biblique. Beaucoup de leurs écrits ne sont que des reformulations de la Bible.
2) Comme tous ces auteurs abreuvés à cette même source, et ayant cherché à vivre cette sagesse biblique, ils savent montrer du doigt, au-delà d'eux-mêmes, en direction de Dieu. Ils reprennent chacun à leur façon la parole du prophète Jérémie : "Ainsi parle le Seigneur : Maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un être humain, qui prend la chair pour appui, et dont le cœur se détourne du Seigneur... Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, celui dont le Seigneur est l’assurance !" Jér 17.5-7
3) Le discours d'Augustin pourrait parfois prêter à confusion par un détachement trop grand des grâces que Dieu peut accorder sur cette terre, mais d'autres passages équilibrent cette vérité, en donnant, malgré tout, une priorité aux choses d'En-Haut.