dimanche 11 mai 2014

La grâce et l'exercice


Il y a un paradoxe dans la vie chrétienne. On passe des ténèbres à la lumière de Dieu "sans aucune oeuvre de la loi", c'est-à-dire, sans payer quoi que ce soit, mais en acceptant le salut gratuit et immense de Dieu :   "C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ; ce n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie" (Eph 2.8-9). Cette logique est appuyée fortement dans un autre texte de Paul en Romains 4.4-5 : "Or, à celui qui accomplit des oeuvres, le salaire n’est pas compté comme une grâce, mais comme un dû. Par contre, à celui qui n’accomplit pas d’oeuvres mais croit en celui qui justifie l’impie, sa foi est comptée comme justice".

Et pourtant !
La conversion nécessite la repentance et la foi, c'est-à-dire un demi-tour radical qui nous permet de nous tourner réellement vers Dieu et placer notre confiance en lui. Tant Paul que Jésus insistent sur la nécessité de la repentance et de la foi. Paradoxalement, c'est un cadeau de Dieu, c'est lui qui, de manière mystérieuse nous attire à lui, nous éclaire dans notre intelligence pour que nous comprenions ces réalités, afin de saisir tant notre culpabilité devant lui que la puissance de son pardon.
Le salut est donc gratuit, mais il coûte tout ce que nous avons : "Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive, car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera" (Mat 16.24-25).

Il en de même pour la marche dans la vie chrétienne appelé aussi la "sanctification". Elle ne fait pas intervenir nos efforts charnels et la logique légaliste des mérites. Elle fait intervenir la repentance et surtout la foi. Prendre au sérieux sa vie spirituelle, c'est d'abord compter de tout son coeur sur Dieu, mais c'est aussi se donner les moyens pour avancer. Paul fait ressortir ce paradoxe à l'Eglise de Philippe : "Ainsi, mes bien-aimés, vous qui avez toujours été obéissants, soyez-le non seulement en ma présence, mais bien plus maintenant, en mon absence; avec crainte et tremblement mettez en oeuvre votre salut, car c’est Dieu qui fait en vous et le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant" (2.12-13). D'un côté l'obéissance de la foi, de l'autre, la grâce totale par laquelle Dieu produit même le vouloir et le faire.

C'est dans cette même logique que Paul invite Timothée à un exercice intéressant : "Exerce-toi à la piété.
L’exercice corporel, en effet, est utile à peu de choses, tandis que la piété, elle, est utile à tout. Ne possède-t-elle pas la promesse de la vie, de la vie présente comme de la vie future ?" (1 Ti 4.8-9).

Au début de notre vie chrétienne, puis tout au long de nos jours, nous sommes appelés à vivre les deux facettes de paradoxe : la grâce totale et l'exercice de notre volonté pour nous donner les moyens d'aller de l'avant.

Pour aller plus loin dans l'exercice de la piété, voici un lien pour 4 études sur le sujet : "Une vie centrée sur Dieu" avec quelques déclinaisons dans l’écoute de Dieu (1), le renouvellement la lecture de la Bible et de la prière (2), la puissance de la grâce (3), et la vie de piété en Église (4). Lien pour les fichiers en mp3 (ces conférences ont été données à un week-end d'Eglise à Pâques en Alsace).

Reynald Kozycki